Carnival In Coal Interview
Carnival In Coal (Français) 25/07/05
1. Tout d'abord que
c'est-il passé pour Carnival in Coal et ses membres durant ces quatres années
qui séparent Fear not de Collection Prestige ?
Axel : Nous avons eu besoin de faire une coupure par
rapport à Carnival, car nous bossions sur la musique de ce projet sans relâche
depuis 1995. Les 3 premiers albums se sont de plus succédés à un rythme
soutenu. Afin de conserver notre fraîcheur, il s’est avéré pour nous nécessaire
de vaquer quelques temps à d’autres occupations. Entre-temps, nous avons changé
de label, cette démarche a pris un peu de temps…Mais je crois que dans
l’ensemble, nous sommes restés silencieux un peu moins longtemps que Nine Inch
Nails entre deux albums !
Arno : Après « Fear Not CinC », nous avions
passé tellement de temps à nous investir dans la musique du groupe que nous
n’avions plus aucun recul. Si nous avions dû enquiller directement sur un
nouvel album, c’est à ce moment là que les idées seraient vraiment parties dans
tous les sens, mais pas dans le bon. Ce break nous a permis de revenir dans de
bonnes dispositions.
2. La musique que joue CinC depuis ses
débuts est difficilement classable dans un "genre" particulier.
Est-ce une façon pour le groupe de montrer son avis sur cet étiquetage des
groupes et les clichés qui vont de paire?
Axel : J’aime assez cette idée, il est vrai que pour
nous l’étiquetage est assez néfaste à l’épanouissement d’un groupe… Dès la
création de Carnival, il était dit que nous resterions libres de nos
agissements, et que ce groupe serait un champ d’expérimentations sans limites.
C’est pour cela que nous pouvons encore à l’heure actuelle, proposer sur un
même album un morceau disco et un autre de musique contemporaine.
Arno : Ceci dit, nous sommes lucides et connaissons
bien les réalités du marché, qui impose ces étiquettes afin de ne pas laisser
le public sans repères. Tout ce qui nous importe est de continuer à avoir
« la plus grosse étiquette du monde », hahaha.
3. Dans diverses critiques, la dernière
piste de l'album est comparée aux oeuvres du Kronos Quartet ou de John Zorn.
Personnellement, j'ai plutôt pensé à un compositeur comme Penderecki... Quels
sont les artistes qui ont influencés ce morceau?
Axel : Ce morceau est une improvisation entre notre
violoniste Beavis et moi-même.
En fait en matière de musique contemporaine il faut plutôt
aller chercher nos influences chez Bartok (ses quatuors à cordes en
particulier), Pierre Boulez et surtout l’école viennoise du début du 20e siècle
avec Berg, Webern et Schönberg, qui maniaient l’atonalité avec un brio que
pouvait leur envier des générations de tourneurs-fraiseurs.
4. Vos textes, bien que très sérieux
dans le sens, sont traités de manière relativement humoristique ou du moins ironique,
à l'instar des textes de Freak Kitchen ou Ron Thal. Pourquoi avoir opté pour ce
mode d'écriture ?
Arno : Je dois être un humoriste frustré. J’ai toujours
admiré les gens qui réussissent à faire passer un vrai message à travers le
comique. Je suis vraiment heureux de ta comparaison avec les textes de Mattias
Eklundh, dont je suis un grand fan. Je n’ai jamais eu l’occasion de lire les
textes de Ron Thal, mais connaissant le personnage, ça ne m’étonne pas vraiment
que tu le ranges dans la même catégorie. Au chapitre des paroliers qui m’ont
influencés, il faut aussi citer Tommy Christ, chanteur des défunts Ludichrist
et Scatterbrain, dont la façon d’écrire m’a toujours beaucoup impressionné.
5. Je fais partie de ceux qui seraient
totalement pour un concert de CinC. Aurons-nous la chance d'assister à cela un
jour?
Axel : Nous y pensons parfois, et il faut reconnaître
que l’idée nous séduit de plus en plus.
Maintenant il faudrait trouver une formule scénique idéale
et les bonnes personnes pour nous accompagner, trouver le temps pour répéter
avec acharnement…mais nous étudions la question.
6. En comparaison aux
précédentes productions du groupe, il m'a semblé que Collection Prestige était
quelque part plus agressif, comme s'il avait été écrit pour la scène. Etait-ce
volontaire ou non ?
Axel : C’est un peu ce qui suscite ma réponse à la
question précédente. En effet cet album sonne plus agressif, car sans doute
plus axé sur les guitares et un son plus direct que sur nos albums précédents,
notamment « Fear Not CinC » qui sonnait trop synthétique. C’est
volontaire, on avait dès le début envie d’un album qui sonne beaucoup plus
humain et organique, plus rentre-dedans aussi. Nous avons clairement établi que
le prochain irait encore plus dans ce sens…je crois que c’est ça qui nous
donnerait envie de le jouer sur scène, aussi.
Arno : Nous aurions pu choisir la surenchère et tenter
de faire des morceaux toujours plus compliqués, où on sauterait perpétuellement
du coq à l’âne, et qui mélangeraient quarante ambiances différentes en moins de
cinq minutes, mais sur trois quart d’heures, ce genre de démarche devient vite
indigeste. Il nous a semblé plus intéressant de jouer la carte de la surprise
en continu sur l’album en écrivant des titres tous très différents les uns des
autres, mais qui gardent ce format de « chanson ». Donc peut-être
plus directs et « immédiats » que ceux de nos albums précédents,
parfois volontairement très complexes.
7. Vous n'êtes que deux membres
permanents dans CinC. Est-ce pour ne pas risquer d'être freiné dans vos
"délires" et expérimentations que vous ne recherchez pas d'autres
membres au groupe ?
Axel : nous travaillons ensemble depuis 1990, et je
crois qu’au niveau créatif il serait vraiment impossible d’inclure quelqu’un
dans le cadre de Carnival. En tout cas nous n’en ressentons pas le besoin. En
revanche, dès que nous voulons apporter une couleur particulière, ou un
instrument qui peut vraiment apporter quelque chose au son du groupe, nous
savons à qui faire appel. Nous avons de fidèles collaborateurs (Beavis pour le
violon, Betov pour certains solos bizarres) et nous aimons inviter nos amis
quand nous sentons qu’ils peuvent marquer album de leur talent.
8. Je vous laisse la dernière phrase
pour adresser un message aux lecteurs de ce web'zine...
Arno : Restez suffisamment « old school »
pour penser à vous rendre aux spectacles vivants et à acheter des cds une fois
de temps en temps. Il existe encore toute une vie au-delà du virtuel !
Axel : Merci pour cette interview et bonne chance pour la suite !
Interview par Ronan
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